(Photo : Christelle -une surveillante- Bernard, notre english lady, l'auteur de ce blog, le principal adjoint, le palmé avec son auréole, la fée du logis, le petit-fils du principal et le principal)
Vendredi soir, cérémonie de clôture de l'année, en salle V1.18.
Il fait très chaud, comme il se doit pour un pot d'adieu.
La salle est assez remplie.
Un médaillé, quatre départs à la retraite, plusieurs départs, dont le mien, après 25 années sur ce vieux rafiot (la métaphore du bateau a toujours beaucoup été utilisée, y compris par moi, peut-être parce qu'il y a eu un fameux sous-marin du nom de Foch .)
Pierre, le désormais palmé, est beau dans son costume. Il se tient tout droit, semble ému et fier. Il est venu avec toute sa famille, sa femme, sa fille, ses trois fils et deux ajouts familiaux, déjà.
Son discours, il l'a peaufiné en jardinant. La moustache malicieuse, il a réussi à y inclure des limaces et des doriphores.
Anne-Marie, notre english lady, est élégante, comme toujours, avec une coupe qui la rajeunit. Elle est très émue, mais finalement réussit à contenir son émotion mieux que moi.
Mon ami Bernard est venu avec son fils, qui m'est familier comme si j'avais passé des heures à discuter avec lui, alors que nous nous sommes à peine croisés (mais il faut dire que je suis sa vie depuis sa naissance, en 1982).
Comme tous ceux qui s'arrêtent un peu avant, Bernard est déjà "déconnecté" de notre réalité.
Il est peut-être rassurant de savoir que cela va très vite, que l'on oublie vite ce qui fut pénible.
Le Principal nous fait a préparé un petit power point avec des photos de sa vie privée mêlées à d'autres, de sa vie professionnelle. Nous suivons l'évolution ses coupes de cheveux à travers les années et nous admirons la variété de ses cravates.
Je passe en dernier. Les gens commencent à s'impatienter. Ils ont chaud, ils ont soif, ils ont un petit creux. J'avais chronométré la durée de mon "discours", je ne voulais pas dépasser 5 minutes, mais je crois que j'ai même été en-dessous de ces 5 minutes. Ma voix est désastreuse : je m'étais réveillée en totale décapilotade, avec torticolis, migraine et extinction de voix. Le corps qui lâche, en fin d'année...
Je réussis au moins à ne pas pleurer avant la fin, ni au moment où Christiane parle si gentiment de moi.
Barvardages plus ou moins gais ensuite.
L'ambiance est à la nostalgie.
Doris a les yeux embués, Mélanie verse quelques larmes qui me remuent. Christiane noie sa nostagie dans le Crémant et devient subitement très gaie.
Heureusement, Marlyse est là, sorte de relais pour moi entre Foch et Schuman.
Quelque chose finit qui ne reviendra plus.
Les quelques liens noués au collège tiendront-ils lorsque nous n'aurons plus de vécu commun ?
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Une anecdote amusante.
Durant la cérémonie, j'entends vibrer mon téléphone portable dans mon sac.
Je regarde le SMS qui vient d'arriver.
Mon amie Agnès, gestionnaire de son état (personne n'est parfait) m'écrit "Tu ne chantes pas ?"
Or, la chorale vient de chanter, et évidemment moi non, ma voix étant aussi mélodieuse que celle d'un crapaud ce vendredi.
Je mets quelques secondes à réaliser que, si elle a écrit ça, elle est forcément dans la salle.
Là mon regard erre sur les participants... lorsqu'enfin je vois une petite tête brune dépasser légèrement quelque part, avec une expression amusée que je devine.
Je comprends alors qu'elle a été invitée en tant que gestionnaire du collège accueillant nos elèves à la cantine.
Très drôle ta blague, Agnès !