Tous les ans, les profs d'histoire / géo organisent une sortie à Bliesbruck (site archéologique gallo-romain).
Cette année on m'a proposé d'y aller, mes deux classes de 6° étant de sortie ce vendredi.
Pourquoi pas... cela paraît "un bon plan", après tout, un peu de changement ne peut faire que du bien.
Vous n'imaginez pas l'état de ma tête en rentrant : j'avais l'impression d'être passée sous un rouleau compresseur !
(J'ai pensé que c'était dû uniquement à mon âge avancé, mais les jeunes collègues m'ont confiré ce matin être revenus vannés aussi.)
Comment se comporte le 6° en excursion ?
Le 6° en excursion prend le prof pour sa maman.
Il ne cesse de demander tel ou tel objet qu'il n'a pas pensé à emporter.
Au moment du goûter, Antoine a ouvert sa grand bouteille d'Ice-tea et m'a demandé "Madame, vous avez un verre ?" Un autre m'a demandé : "Mme, vous avez un taille-crayon ?"
C'est sûr, je me promène avec ma vaisselle et un assortiment de papeterie !
Le 6° en excursion fait du bruit, tout le temps.
Il parle fort, il crie ou fait divers autres bruits avec sa bouche.
Il ne supporte pas le silence.
Heureusement, parfois il se déverse dans les oreilles du bruit avec ses écouteurs. Pendant ce temps, il n'en produit pas lui-même.
Le 6° en excursion vomit.
Jamais je n'ai vu autant d'enfants vomir dans le bus.
A l'aller il y en a eu 6 ou 7 et encore deux au retour.
Très vite nous avons manqué de sachets.
A l'arrivée à Bliesbruck, j'ai réalisé que ma jeune collègue Agnès avait rassemblé plusieurs dégueulis dans un même sachet, afin de fournir un sachet à un autre vomisseur.
Elle s'est amusée à observer que nos jumeaux muets de 6°6 ont vomi en même temps chacun dans son sachet et que le contenu était le même !
Le 6° en excurison ne sait pas se ranger.
A chaque fois qu'il a fallu les compter pour aller d'un endroit à un autre, ça a été la galère pour les faire se ranger par deux .
Malgré la fatigue que génère l' attention constante qu'exige la surveillance de 28 élèves, il y eut quelques jolis moments, notamment à l'atelier poterie ("potri" ont-ils écrit sur leurs fiches), lorsqu'une élève demanda au potier la permission d'essayer de tourner un pot : quand soudain le pot s'éleva entre ses mains, l'asssistance retint son souffle. (cf photo)
A un autre moment, dans la boutique du musée, A .m'a appelée.
A. est un garçon pour qui l'école n'est pas facile, il se rebelle.
Avec son crâne rasé, son capuchon qu'il n'aime pas enlever et ses "vas-y, c'est bon"', il ne m'inspire pas tous les jours de la sympathie.
"Madame, venez voir le beau livre !"
Il m'a montré un livre sur les grandes batailles, magnifiquement illustré.
J'ai réalisé que A n'a sans doute jamais vu et encore moins eu un "beau livre".
Soudain j'ai vu A. comme je ne le vois pas toujours: comme un petit garçon perdu, qui ne comprend pas bien le monde qui l'entoure.
J'en ai été touchée.
Au retour, nous avons dû séparer quelques élèves trop bruyants. Le chauffeur commençait à s'énerver.
Je me suis assise à côté de l'une des fofolles.
"Ça t'a plu, ta journée ?" "Bof bof' .
Le lendemain, Octavia est passée dans ma salle, brièvement.
"Na, wie war der Tag gestern ? Hat es dir gefallen ?"
"O ja, super ! Wirklich sehr schön !"