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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 17:08

penibilite.jpg

 

Quand il est question de pénibilité, on parle toujours des métiers manuels, qui épuisent physiquement au bout de 30 ans, et bien sûr qu"'on ne peut qu'être d'accord.

Mais peut-on passer 44 ans à expliquer la différence entre le nominatif et l'accusatif, avec la constatation que d'année en année moins d'élèves sont capables de comprendre ?

Peut-on passer 44 ans à supporter le bruit dans les couloirs, les papiers jetés par terre, les boulettes projetées par sarbacanes sur les murs ?

Peut-on passer 44 ans à dire "Ruhe ! Pschttttt ! Still jetzt !"

Peut-on passer 44 ans à faire le gendarme, à gourmander, réprimander, surveiller, vérifier, punir, coller... ?

Pourquoi dans ce métier n'existe-t-il aucune porte de sortie, sauf pour les plus atteints ?

Pourquoi n'a-t-on pensé à aucune alternative ?

Autrefois les profs les plus usés pouvaient être documentalites, mais ensuite on a créé le CAPES de "professeur documentaliste" et cette solution a disparu.

 

(Au passage, dans ce CAPES il doit y avoir un module "comment se rendre antipathique et éviter que les profs ne viennent au CDI....)

 

Rien, il n'existe rien pour en sortir si on veut en sortir.

Tu marches ou tu crèves. Eventuellement tu t'arrêtes et tu vis comme tu peux.

Ou tu essaies le lycée... avec l'espoir que là, un rien d'enseignement reste possible.

 

(A propos des 44 ans, j'en ai fait déjà une bonne partie: je n'ai fait "que" 25 ans dans ce collège, mais 7 ans à Niederbronn, mon premier poste, donc 32 ans en tout.)

 

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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 10:22

perduville.png Ah la la, foutus stages !

Je déteste ça. J'ai autant de sens de l'orientation qu'une huître, et redoute plus que tout de devoir me rendre dans des endroits improbables, tes que Duppighim, Truchtersheim, Molsheim et autres "heim" inconnus.

Les stages en allemand ont presque toujours lieu dans ce genre d'endroits, à mi-chemin entre le nord et le sud, pour réunir les profs du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.

Hier j'étais convoquée à Sélestat  : facile, je connais, m'étais-je dit. Sauf que c'était dans un obscur Lycée professionnel économique et non à l'IUFM.

Pas de problème, j'ai un GPS, m'étais-je dit.

Ok, mon mari va pour me le programmer (oui oui, je reconnais l'expert en GPS c'est lui) et commence à pester parce que l'adresse (Place du Docteur François Kretz) est inconnue.

Pas de problème, on a l'Internet et Google Map, n'est-ce pas ? Google Map me situe cet établissement sans hésitation au centre ville, à côté de la bibliothèque humaniste.

"Qu'est-ce que tu t'emmerdes  enquiquines à conduire, il y a le train  !" me dit mon mari, grand ferrovipathe.

 Ok, qu' à cela ne tienne, je prendrai le train. Ce que je fis, et débarquai à Sélestat avec pour but le centre-ville, que je trouvai assez facilement (mais il ne faut pas demander où est la bibliothèque humaniste, personne ne semble savoir qu'elle existe !)

Là, j'ai eu beau demander... pas de Lycée professionnel.

J'ai fini par appeler le bueau ayant édité la convocation : ah ben; la dame ne savait rien de la localisation de ce lycée. Elle a cependant appelé quelqu'un censé en savoir plus, qui m'a enfin indiqué que ce lycée était appelé "Schweissguth" à  Sélestat. Et là, un très gentil photographe  du centre de Sélestat a pu m'indiquer la direction avec clarté. Merci à lui !

Je suis arrivée à 9 heures 15. Une autre est encore arrivée après moi. Et beaucoup ont pesté contre ces convocations stupidement fausses !

Je crois que je vais lancer une association pour militer en faveur des stages à Strasbourg !

 

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 11:27

beaumetier.jpg

Hier, un collègue de techno est arrivé en salle des profs un peu amer, mais essayant de garder le sourire.

C'est un homme qui respire la gentillesse.

En principe, personne ne s'y trompe, ni les élèves ni les collègues.

D'ailleurs, je n'ai pas besoin de citer son nom ici, tout le monde saura de qui il s'agit.

Une élève venait de l'insulter, lâchant une série de mots comme une diarrhée verbale.

Parmi ces mots il n'avait retenu que les suivants: "Je vous chie dans la gueule."

Je ne connais pas cette élève, ne sais même pas son nom.

Je suppose qu'elle a plein de raisons pour haïr ainsi les adultes, le système, les profs, la société, l'école, la vie qu'elle mène.

Je suppose que les rythmes scolaires sont inadaptés, les programmes trop ambitieux, les profs trop rigides.

Je suppose que je suis vieux jeu de m'indigner de cette liberté d'expression, mais je trouve cela au-delà du supportable.

Après cela, il n'y a plus que la violence physique.

Et-ce que cela sera la prochaine étape ?

 

J'ajoute quelques phrases entendues ces derniers jours:

"Je n'ai plus envie, personne ne travaille plus, même les 3° bilingues ne font plus rien." P.F.

"Personne ne m'écoute plus. Si j'arrive à me faire écouter de 4 élèves, c'est le bout du monde." P.H.

"Je viens ici en rampant." D.P.

 

Oui, je sais, ce blog devient déprimant, mais il est le reflet de ce que je vis, de ce que nous vivons.

En-dehors des élèves des classes bilingues, je ne vois plus de "gentilles classes".

Partout les perturbateurs prennent le pouvoir. Ils poussent des cris, comme des gens atteints du syndrome de La Tourette, nous parlent comme à des chiens, gloussent, se lancent des objets, n'écrivent rien, n'apprennent rien, ne retiennent rien, rendent feuille blanche -les feuilles par moi achetées !-...

Oui, il ya de quoi être dé primé !

 

 

 

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 17:00

LuckyLuke.jpg

Samedi, ce fut assez épique avec les 5°.

Pendant que je mettais à l'écart le premier insolent en quittant brièvement le cours,  ils ont fermé derrière moi la porte de la salle de classe.

Certes, j'avais mes clés (je ne sors jamais sans mes clés !), mais j'avais envie de leur montrer que je ne me laissais pas faire.

Le principal adjoint est venu, à ma demande.

Certains ont prétendu d'abord que je m'étais trompée, que la porte n'était pas fermée à clé (verrou poussé). Comme si je pouvais me tromper à ce sujet !

Ensuite, lorsque le PA demanda à un perturbateur notoire de quitter le cours, ce fut "chaud" comme disent les jeunes. Maintenant, de plus en plus souvent, les perturbateurs refusent de quitter la salle... surtout un samedi matin, où  il n'y a aucune animation en permanence. 

Après la sortie houleuse de trois élèves, nous avons pu travailler correctement.. mais seulement un quart d'heure.

De 11 h à midi j'avais fait venir deux filles en totale rebellion contre l'allemand et contre moi.

Elles sont venues, mais en étant évidemment très mal disposées, et ont refusé tout travail.

Nous avons donc discuté. Elles se sont exprimées sans détours :

-L'allemand c'est de la merde. Personne n'a besoin d'allemand, on peut très bien parler l'anglais en Allemagne. Elles vont arrêter l'allemand et faire de l'espagnol, donc il est normal qu'elle ne fassent plus rien.

-Je ne les aime pas (évidemment !)

-Le collège, c'est de la merde.

-Les autres élèves sont des bourges, qui ne les comprennent pas.

-Elles se sont simplement laissées entraîner, mais c'est normal aussi puisque l'allemand c'est de la merde et qu'on ne comprend rien.

-Ce qu"elles souhaitent, c'est que je les laisse se mettre au fond, pour qu'elles puissent bavarder.

 

Je les ai remerciées pour leur participation active.

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 14:52

ebr120.jpgUne semaine de vacances déjà.

Une semaine que je n'ai presque pas pensé à l'école.

Une semaine que je n'ai pas parlé d'école à la maison, au grand soulagement de mes proches !

(Une élève est passée dans ma rue avant-hier, j'ai eu du mal à me souvenir de son prénom !)

Je réalise que pendant le temps scolaire ma vie est comme en suspend. Je ne vis pas, je ne fais que survivre, en remettant tout à plus tard... plus tard, c'est-à-dire pendant les vacances.

 

La dernière fois que j'ai parlé d'école, ce fut vendredi dernier.

Vers 11 heures, un coup de fil.

"Bonjour c'est......" Je ne comprends pas le nom cité. "Pardon ?"  "C'est Jean Ahr !"

Incroyable ! Jean,  prof  d'anglais dans une autre vie.

Il vient manger avec nous et je lui raconte un peu comment ça se passe maintenant. (Il est parti "vivre" il y a 18 ans). Je lui raconte que les élèves n'ont plus de feuilles, n'écrivent plus tous dans les cahiers, ne font plus les contrôles, ne font plus les heures de retenue....Je vois bien qu'il ne me comprend pas bien, et tant mieux !  Moi-même en racontant je réalise à quel point les choses ont changé.

Mais hier j'ai vu furtivement sur un bandeau d'actualité (vous arrivez, vous à écoutre les infos et à lire en même temps ?) que tous les enseignants auront un référent.

C'est quoi, un référent ? Quelqu'un sur l'épaule de qui pleurer ? Alors oui, j'en veux un !

 

 

 

 

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 18:34
journeejupe.jpgJe viens de subir ce vendredi soir à peu près ce que l'on peut vivre de pire, pour un prof,  si l'on exclut les violences physiques.
Ma classe de 5° ne fonctionnant plus du tout depuis quelques semaines, j'ai décidé hier d'essayer de prendre certains perturbateurs à part , en cours de soutien, afin que les élèves ayant des vélléités de travailler, puissent profiter de quelques cours corrects.
Ce matin, cours avec les 18 autres, dont tous ne sont pas agréables, mais malgré tout, pour la première fois depuis longtemps, ça a ressemblé à un vrai cours, avec des élèves qui osent parler, comme on le fait en principe en langue.
Ce soir donc, je prends les 5 "sortis du cours", assez fâchés de devoir rester en dernière heure.
Ce fut une heure HORRIBILISSIME.
N'ayant trouvé aucune salle dans le bâtiment principal, j'ai dû les emmener dans une petite salle de religion tout en haut d'un bâtiment loin de la vie scolaire.
Le déchaînement de vulgarité, de grossièreté, de violence verbale fut inimaginable.
Je me demande encore comment j'ai fait pour supporter.
La seule chose positive dans tout cela, c'est qu'ils n'ont jamais essayé de me frapper et ne s'en sont pas pris à ma "personne".
Mais sinon, j'ai entendu tout ce que l'on peut entendre en gros mots: bite, couille, cul, pédé, pute, pervers, sucer... Et cela sans jamais faiblir durant 50 minutes.
Je viens de penser à Isabelle Adjani dans "La journée de la jupe".
Si un flingue était tombé du sac d'un élève, qu'aurais-je fait ?

.............................................................................................................................

Ajoutons quand même cette note plus optimiste.
Le lendemain (samedi) une nouvelle heure de "soutien" était programmée avec les 5 élèves "sortis du cours normal", cette fois dans ma salle de classe, ce qui n'est pas négligeable.
J'ai décidé d'exclure le principal fauteur de troubles, celui qui avait introduit tous les termes en relation avec la sexualité. Il a protesté, bien sûr: "Ben quoi, j'ai rien fait !" (Ils n'ont jamais rien fait !)
Ensuite, j'ai fait cours avec les quatre autres. "Pourquoi vous avez exclu M. ?" ont-ils voulu savoir.
Je leur ai demandé s'ils trouvaient normal la façon qu'il avait eu de parler la veille.
Eh bien, surprise,  ils en ont convenu :" Non, ce n'est pas normal, c'est un pervers."
L'heure s'est passée au mieux, ils ont essayé de comprendre, nous avons fait un peu d'allemand.
Je me suis aperçue aussi que l'un d'eux ne savait pas lire.
Je suis sortie satisfaite de mes trois heures, et bien moins fatiguéequ'après une heure de lutte au corps à corps.
Certes, ce n'est qu'une solution à court terme. On ne peut évidemment pas sortir des cours tous les perturbateurs et les prendre à part, il y en a beaucoup trop.
Juste une solution de survie, et très individuelle.
(Sinon, il reste l'arrêt maladie, mais est-ce mieux ?)
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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 09:37

conseilcl.jpgConseils de classe.
C'est l'occasion de vider sa besace, parfois. L'occasion d'un vague partage avec ses collègues, quand ils sont là. 
Parfois on n'est que quatre, comme en 5°3 lundi soir (français, maths, allemand, musique ... ) parce que trois conseils ont lieu en même temps et  qu'on ne peut être à deux endroits à la fois.
Malgré tout, ce qui m'étonne, c'est que les conseils aient encore un impact sur la plupart des élèves.
Ainsi les 5°3 se sont-ils comportés parfaitement le mardi matin (ok, c'était de 8 à 9 ...) L'un d'eux pleurait même en raison de sa moyenne décevante.
Je me dis qu'il y aurait moyen d'en tirer davantage, de s'organiser mieux.
Ce qui nous fait le plus défaut, dans ce métier qui nous bouffe, c'est l'organisation et la solidarité.
Chacun essaie de survivre au mieux dans son coin et tâche d'occulter la souffrance des autres, sauf en de rares moments où elle lui éclate à la  figure.
Aucune vraie réflexion sur la gestion des élèves difficiles, aucune grille commune des sanctions.
Même la note dite de "vie scolaire" nous n'avons pas réussi à en faire un vrai "outil" : la moyenne de cette note se situe autour de 16 dans notre établissement.
Les vacances ne sont pas loin. Nous allons tenir jusque là.

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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 13:52
retraite-copie-1.jpgPremiers pas vers ... la retraite.
Cet horizon qui paraît si lointain lorsque l'on commence à travailler se rapproche légèrement : j'ai eu la surprise de trouver dans mon casier une feuille qui me demande d'envoyer des papiers pour la constitution d'un futur dossier.
Je dois indiquer mes activités autres que celles de l'enseignement (ayant comemncé à 21 ans, je me demande bien lesquelles cela pourrait être !) et envoyer un papier attestant de mes études au centre de formation des PEGC, devenu IUFM.
Evidemment, il aurait été trop simple que l'IUFM envoie directement cette confirmation ! (Le papier précise pourtant les dates de ma formation, avec une précision dont je n'aurais pas été capable !)
Mais cela doit faire partie des rituels initiatiques... Le futur retraité doit commencer à constituer son dossier uen dizaine d'années avant, et doit accomplir un certain nombre de démarches qui prouveront son implication.
Ne pas s'énerver....

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 13:38
violence.gif"La violence à l'école se porte bien. Elle enregistre une croissance régulière, en quantité mais surtout en qualité. Pour la contenir, les pouvoirs publics envisagent diverses mesures: fouilles de cartables, portiques de sécurité, détecteurs de métaux, systèmes d'alarme.
Cette politique sécuritaire est contestée. On réclame plutôt des éducateurs supplémentaires. Des pions, en particulier. Sur l'échiquier scolaire, n'est-ce pas eux, ces fantassins, qui pourraient neutraliser les fous, abattre les tours de la haine, mater les rois de la violence ?
On compte sur le pion supplémentaire pour clouer au sol les porteurs de revolvers et d'armes blanches, grâce à une formation préalable à la boxe anglaise et au karaté.
Il persuadera les élèves de se lever lorsque la jeune prof d'histoire-géo entre en classe, de deamnder poliment la parole avant de la traiter de sale pute et d'éviter, dans la mesure du possible, qu'elle soit menacée d'un viol  collectif.
Pas un mot, sans tout ça, de ceux qui ont enfanté et éduqué ces charmants voyous.
Par quels états généraux faut-il commencer ?
Ceux de la violence à l'école ou ceux de l'autorité parentale ?"
                                  Billet de Robert Solé, dans Le Monde du 18 février.
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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 11:23
reforme.pngVendredi soir avant les vacances, une petite réunion, selon l'usage.
Cette fois, sur la réforme du lycée.
Le principal a tout bien fait, comme d'habitude, avec projection des documents.
Il en ressort que la seconde sera encore plus indéterminée qu'elle ne l'était, que l'orientation vers un métier sera encore un peu plus repoussée.
La nouveauté, ce sont les deux heures "d'aide et accompagnement" '(était-ce le nom exact ?) par semaine pour TOUS les élèves.
Qui fera cela ? Qui encadrera les élèves pour les aider, les orienter, leur apporter une méthodologie (encore un mot fumeux !) ?
Comme d'habitude, on annonce une réforme et ensuite on réfléchit à son application.
On trouve quelques étiquettes et ensuite on cherche à mettre quelque chose dessous. Ça a toujours été ainsi, depuis que j'enseigne. Je n'ai pas vu une seule réforme mies en place après concertation et réflexion. Non seulement cela, mais en général au bout de trois au quatre ans, on laisse tomber et on revient en arrière.
Je me souviens des "IDD" au collège : Itinéraires découvertes, quel joli mot !
L'un de mes collègues m'avait dit : "Je ne fais rien, j'attends que ça disparaisse !"
Combien de réunions avons-nous eues pour la mise en place ?  Et combien de temps cela a-t-il tenu ? Trois ans ? Quatre ans ?
Comment ne pas regarder tout cela avec découragement, quand rien ne semble aller dans le bon sens ?
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