Quand il est question de pénibilité, on parle toujours des métiers manuels, qui épuisent physiquement au bout de 30 ans, et bien sûr qu"'on ne peut qu'être d'accord.
Mais peut-on passer 44 ans à expliquer la différence entre le nominatif et l'accusatif, avec la constatation que d'année en année moins d'élèves sont capables de comprendre ?
Peut-on passer 44 ans à supporter le bruit dans les couloirs, les papiers jetés par terre, les boulettes projetées par sarbacanes sur les murs ?
Peut-on passer 44 ans à dire "Ruhe ! Pschttttt ! Still jetzt !"
Peut-on passer 44 ans à faire le gendarme, à gourmander, réprimander, surveiller, vérifier, punir, coller... ?
Pourquoi dans ce métier n'existe-t-il aucune porte de sortie, sauf pour les plus atteints ?
Pourquoi n'a-t-on pensé à aucune alternative ?
Autrefois les profs les plus usés pouvaient être documentalites, mais ensuite on a créé le CAPES de "professeur documentaliste" et cette solution a disparu.
(Au passage, dans ce CAPES il doit y avoir un module "comment se rendre antipathique et éviter que les profs ne viennent au CDI....)
Rien, il n'existe rien pour en sortir si on veut en sortir.
Tu marches ou tu crèves. Eventuellement tu t'arrêtes et tu vis comme tu peux.
Ou tu essaies le lycée... avec l'espoir que là, un rien d'enseignement reste possible.
(A propos des 44 ans, j'en ai fait déjà une bonne partie: je n'ai fait "que" 25 ans dans ce collège, mais 7 ans à Niederbronn, mon premier poste, donc 32 ans en tout.)