11 février 2010
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11:23
Vendredi soir avant les vacances, une petite réunion, selon l'usage.
Cette fois, sur la réforme du lycée.
Le principal a tout bien fait, comme d'habitude, avec projection des documents.
Il en ressort que la seconde sera encore plus indéterminée qu'elle ne l'était, que l'orientation vers un métier sera encore un peu plus repoussée.
La nouveauté, ce sont les deux heures "d'aide et accompagnement" '(était-ce le nom exact ?) par semaine pour TOUS les élèves.
Qui fera cela ? Qui encadrera les élèves pour les aider, les orienter, leur apporter une méthodologie (encore un mot fumeux !) ?
Comme d'habitude, on annonce une réforme et ensuite on réfléchit à son application.
On trouve quelques étiquettes et ensuite on cherche à mettre quelque chose dessous. Ça a toujours été ainsi, depuis que j'enseigne. Je n'ai pas vu une seule réforme mies en place après concertation et réflexion. Non seulement cela, mais en général au bout de trois au quatre ans, on laisse tomber et on revient en arrière.
Je me souviens des "IDD" au collège : Itinéraires découvertes, quel joli mot !
L'un de mes collègues m'avait dit : "Je ne fais rien, j'attends que ça disparaisse !"
Combien de réunions avons-nous eues pour la mise en place ? Et combien de temps cela a-t-il tenu ? Trois ans ? Quatre ans ?
Comment ne pas regarder tout cela avec découragement, quand rien ne semble aller dans le bon sens ?
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Humeur
7 février 2010
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08:52
Les avis sont partagés: certains trouvent que les vacances arrivent un peu trop tôt, parce que nous venions juste de trouver un rythme de croisière relativement profitable, certains sont épuisés et attendaient cette pause avec impatience.
(D'autres encore flottent entre les deux.)
Vendredi les 4° LV2 me demandent: "Mme, vous êtes aussi en vacances ?"
A ma réponse affirmative, une lueur leur vient : "Et en été, vous avez les mêmes vacances que nous ?" "Ah ben oui, bien sûr" (encore que, cela changera sûrement un jour...)
"Si vous trouvez ça bien, n'hésitez pas à devenir profs, hein, il y aura des places dans les prochaines années !"
Là, l'un d'eux me répond, avec honnêteté:
"Ah non, quand même pas, parce prof, c'est bien que pour les vacances et rien d'autre".
Bonnes vacances à tous mes lecteurs.
Je vous souhaite d'arriver à refaire le plein d'énergie. Je vais m'y employer aussi.
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Les 4°LV2
2 février 2010
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16:23
Dans trois jours, les vacances de février.
Tout le monde se réjouit : c'est bien ,les vacances, ça permet de penser à autre chose, de se vider la tête de ce qui l'encombre, de ne plus penser aux Kevin et autres Jason.
Cependant, je ne peux m'empêcher de penser que le retour sera sans doute difficile, comme le fut le retour des vacances de Noël: en effet, les vacances sont plutôt préjudiciables aux élèves de notre collège. Rares sont ceux qui profitent de sorties et d'activités.
La plupart restent chez eux, dans des appartements étriqués, à jouer comme des dingues sur consoles et ordinateurs.
Et nous les récupérerons complètement déphasés le 22 février.
Car pour beaucoup d'entre eux, l'école est la seule chose qui structure leur quotidien. Nous servons au moins à cela.
Mais je me réjouis quand même. Ce qui est fait n'est plus à faire, et nous aurons alors liquidé plus de la moitié de l'année scolaire. "Ensuite, l'année glisse", me disait Elizabeth.
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Au jour le jour
27 janvier 2010
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09:29
Il faut maintenant bien veiller à choisir ses mots en cours, le moindre mot mal choisi pouvant donner lieu à des rires et commentaires, déjà en classe de 6ème.
C'est tout juste si en allemand on peut encore faire compter jusqu'à 10... car il faut passer par "sechs".
L'autre jour, en fin d'heure, un petit sujet de Karambolage sur le Carambar comme faisant partie de la culture française. Il y est question de "suçoter" le carambar : la moitié des petits garçons de 6° est écroulée.
En 5° j'entends circuler le mot "Kamasutra".
J'ai eu un mot malheureux un jour en disant que je les trouvais bien excités : que n'avais-je pas dit !
Il y a belle lurette aussi qu'on ne peut plus dire de "sauter une ligne", si l'on ne veut pas entendre "sauter qui ?".
Une collègue m'a rapporté qu'elle a entendu des remarques bruyantes en passant devant un écriteau "serrure lubrifiée".
On va encore me dire que je ne sais pas positiver, alors positivons : cette jeunesse semble posséder une richesse lexicale incroyable, que nous étions loin de maîtriser au même âge !
(Pour ce qui est du "génécologue", je vous recommande de taper ce mot dans Google et de regarder le résultat des recherches : c'est surprenant ! Le mot est non seulement répertorié, mais on trouve la liste de "génécologues" dans notre ville, par exemple. Nos élèves sont en fait des précurseurs: bientôt tout le monde dira ainsi.)
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Humour
24 janvier 2010
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14:31
De façon insidieuse mais sûre, les profs sont conduits à travailler plus pour moins cher. Tous les stratagèmes sont bons !
Comme on ne peut que difficilement augmenter le nombre de nos heures de cours (cela provoquerait un vrai tollé, sans doute) on trouve des combines plus astucieuses.
On a, par exemple, diminué drastiquement le nombre d'heures de français au collège, en une vingtaine d'années.
L'année dernière, on s'est attaqué aux heures de langues. Tout d'un coup, il a été décrété que les élèves "bilangues" n'auraient plus droit qu'à 5 heures de cours, au principal d'en choisir la répartition (3 heures / deux heures ou 2, 5 heures par langue).
Le nôtre a résisté pour cette année et a mis quand même 3 + 3 heures à tous les bilangues. Mais il y a gros à parier que cela ne durera pas.
Vous allez m'objecter qu'il n'y a pas dequoi en faire un fromage, puisque le prof de collège doit toujours les mêmes 18 heures de cours. Eh bien, avec cette réforme, le prof enseigne à 7 classes au lieu de 6, ce qui n'est pas une mince différence.
De même l'heure de LCR instaurée en bilingue, permet un encadrement plus grand des élèves, cela sans aucune formation des profs (ou très peu) et en n'ajoutant pas un centime à nos éventuelles futures retraites, puisque cette heure ne fait pas partie de notre emploi du temps. Astucieux !
Ne parlons pas de l'heure de "vie de classe", payée d'abord 2 heures pour une (ok, admettons, il n'y a pas tellement de préparations et aucune correction à faire), puis 10 heures pour 15, puis plus du tout.
Toutes les réformes vécues en 32 ans ont eu pour but de nous faire travailler plus, dans de moins bonnes conditions (plus d'élèves par classe) en coûtant moins cher à l'état.
(En ce qui concerne l'illustration, je sais que nous avons un autre ministre... mais la différence est invisible)
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Humeur
19 janvier 2010
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16:26
Les 4°LV2 et moi, nous vivons dans des mondes différents, ce qui donne parfois lieu à des échanges étonnants.
Hier, m'apercevant que ma perforatirce à quatre trous (15 euros, investissement personnel) était usée, j'ai parlé d'en racheter une chez K., papeterie de la ville.
"Madame, mon frère y travaille", me dit Laura, ayant oublié que je le sais.
"Mais Madame, ça (ne) lui plaît plus, il voudrait faire autre chose maintenant..."
Je suis étonnée, car Julien, que j'ai eu comme élève, semblait content de faire cet apprentissage dans la vente.
"Ouais, il voudrait être génécologue".
"Pardon ? Mais c'est n'importe quoi !" je ne peux m'empêcher de dire."D'abord c'est GYNECOLOGUE, du grec "gyne"."
"Ah non Madame, ma mère travaille à l'hôpital", me dit Laziza. "Et là c'est écrit "génécologue" sur la porte, vous pouvez aller vérifier."
Elles n'en démordent pas : "Même qu'en abrégé, on dit "généco"."
Je reviens aux études de Julien, orienté il y a deux ans vers un BEP de vente, estimant impossible pour lui de faire 10 ans d'études de médecine.
"Mais pourquoi vous dites ça, Madame, si c'est son choix, il a le droit de le faire ! Il faut lui donner sa chance !"
Ces élèves ont complètement intégré un certain discours égalitaire : pour eux, chacun a les mêmes chances, il suffit de s'asseoir en classe, d'attendre que le temps passe, en se "tapant quelques délires", et à la fin, on récolte une pochette surprise, dans laquelle il y a peut-être "génécologue", avec un peu de chance.
La notion d'études, de travail, leur est totalement étrangère.
De plus, ils ne font aucune différence entre les niveaux d'études.
Récemment, je leur disais que parfois j'avais envie de demander une place de caissière, pour être plus tranquille, ils m'ont demandé:*"Mais vous pourriez faire ça, vous ?", pas convaincus de mes compétences, visiblement.
(Réflexion faite, je pense que le grand frère s'est moqué de Laura et lui a monté un bobard. Je ne le crois pas assez naïf pour penser qu'avec un BEP de vente il pourra faire des études de médecine).
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Les 4°LV2
14 janvier 2010
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22:34
En ce moment, le moral des troupes en globalement assez bas. Les élèves sont revenus crevés de leurs vacances ! Les profs aussi.
La gastro circule, les virus pullulent, malgré le froid.
Il faut trouver une nouvelle énergie, redresser les choses bancales, prendre des décisions qui permettront de tenir le reste de l'année.
Mon découragement est parfois perceptible.
L'autre jour, une collègue a tenté de me réconforter en m'expliquant que c'était normal : cela tient au fait que les élèves n'aiment pas l'allemand. Personne ne peut aimer l'allemand, langue bien trop difficile.
Ah ben oui, c'est vrai !
Forte de ce constat (enfin... façon de parler) je fais quoi ? Je m'assois et je pleure ?
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Humeur
6 janvier 2010
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Hier, dans la salle d'
attente du medécin, j'ai eu le plaisir et la fierté de constater que nous ne faisons pas un métier inutile. Oui, nous servons à quelque chose ! Peut-être pas à transmettre des connaissances ...ça il faudra bien admettre bientôt que cela devient impossible dans bien des cas.
J'écoutais deux "mamans",visiblement épuisées par les deux dernières semaines, se réjouir de la reprise de l'école. "Ah, ça fait du bien que les enfants soient retournés à l'école, je n'en pouvais plus", ont-elles dit en substance toutes les deux.
Moi, je consultais pour ... disons "intestins noués". De la discussion avec ce médecin qui me connaît depuis 25 ans, il est ressorti que cela pourrait bien être mon métier qui me crée cette pagaille intestinale. Je n'y avais pas trop pensé, mais finalement...
Au collège, lundi, les mines étaient affreuses, pour les profs comme pour les élèves. Personne n'avait bien dormi. Les mots les plus souvent entendus, en-dehors de "bonne année" évidemment, étaient "heureusement, les prochaines vacances ne sont pas loin".
Chut, ne le dites pas aux "mamans" !
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Humeur
2 janvier 2010
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10:25
Imaginez quand il faut le dire en allemand :
"Frohes neues Jahr" ! ou, plus court, "Frohes neues"
ou encore"Viel Glück zum neuen Jahr" !
Quasi infaisable. Lundi je ferai certainement la même tête que l'instit' de Jacques Risso, la queue de cheval en moins.
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Au jour le jour
1 janvier 2010
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15:23
En ce début d'année nouvelle, serons-nous comme le chat, à nous réfugier sous le lit par peur de ce qui se passe ?
Ou trouverons-nous le courage d'aller de l'avant ?
Bonne année à mes lecteurs.
Qu'elle soit remplie de moment d'amitié, de beaux paysages, de bons livres, de jolis films, de belle musique et de tout ce qui fait que l'on se sent vibrer.
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Humeur
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